A l’heure actuelle il semblerait que, sauf exception, la sortie de l’hivernage se soit plutôt bien passée. L’hiver a été particulièrement doux et la végétation comme les colonies ont redémarré de manière très précoce, bien plus tôt que d’habitude. Les conditions météorologiques étant favorables dans de nombreuses régions, les premières récoltes de printemps, « toutes fleurs de printemps », ou « colza » ont été bonnes à très bonnes.
En revanche, dans le Sud de la France, sur le pourtour méditerranéen, à ce jour, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La récolte de romarin est très faible et se cantonne sur les bords de littoral. La récolte de bruyère blanche est très médiocre. Les dernières pluies laissent espérer une récolte de miel de garrigue plutôt correcte.
En ce qui concerne, la miellée d’acacia qui ne fait que commencer dans la plupart des régions, dans le Sud ouest, où elle est quasiment achevée, en raison des intempéries, aucune récolte n’a été effectuée. Ailleurs, nous devons espérer que les orages violents ou des gelées tardives n’abîment pas les fleurs permettant aux abeilles de butiner le précieux nectar…
Contrairement à ce qui a été parfois énoncé, l’impact du confinement reste très marginal sur l’ampleur des récoltes. Dans plusieurs secteurs, les apiculteurs ont encore subi des intoxications dues à des traitements phytosanitaires récurrents et des colonies d’abeilles ont péri.
Gilles Lanio, Président de l’UNAF et apiculteur dans le Morbihan, (région Bretagne Sud), vient de terminer sa récolte de miel de colza : « J’ai récolté en moyenne une quinzaine de kilos sur les ruches présentes sur le colza, c’est un chiffre correct. Je vais attaquer ensuite le miel de ronce avec quasiment 3 semaines d’avance puis de châtaignier. »
Les récoltes de miel sont largement dépendantes des conditions météorologiques et depuis plusieurs années, le bouleversement climatique a un impact considérable rendant les récoltes de miel de plus en plus aléatoires et totalement imprévisibles. Dans certaines zones, une rupture de miellée est à craindre entre le colza et les floraisons d’été (tournesol, châtaignier). En tout état de cause, soyons prudents. La saison ne fait que commencer.
Un véritable bilan de l’ensemble de la saison ne pourra être effectué qu’à l’automne.
D’autres témoignages pour illustrer les tendances de récolte :
Pour Daniel Boubel apiculteur dans les Pyrénées-Orientales, et Président de l’Union Syndicale Apicole du Roussillon « pour le miel de romarin, c’est une récolte très faible, décevante car très précoce, il aurait fallu récolter en décembre ! Idem pour la bruyère blanche, très faible récolte, avec de la pluie et du vent, ce n’est pas une grande année ! »
Pour Gaëtan Le Ber, apiculteur depuis 25 ans à Céret dans les Pyrénées-Orientales, la situation est catastrophique : « C’est la double peine, on a du mal à vendre notre miel et la météo de ces dernières semaines nous donne des volumes médiocres de production de printemps ! Cette année le mois d’avril a été le plus humide depuis longtemps, la douceur relative avec des pluies répétées empêchent les abeilles de butiner. J’ai fait zéro romarin, pour la bruyère blanche que je suis en train de récolter, les ruches ont beaucoup consommé sur les réserves de 2019 et si j’arrive entre 500 kg et 1 tonne de miel de bruyère blanche et de lavande ça serait bien. »
Du côté de la région PACA, Bruno Sapone apiculteur à Puimoisson, médaillé d’argent au dernier Concours des miels de France pour son miel lavande lavandin, et coup de coeur du jury pour son romarin : « ma récolte de romarin n’a rien donné cette année pas 1 seul kg ! Il a fait beaucoup trop sec ! »
Autre témoignage, celui de Stéphane Lebrun, dans le Loiret, région Centre, « J’ai récolté mon miel toutes fleurs, entre 11 et 13 kg par hausse, c’est une bonne récolte. Je viens aussi de récolter l’aubépine, c’est correct, entre 6 et 8 kg par hausse et on va attaquer l’acacia. Par rapport à l’an dernier, c’est une meilleure récolte cette année, moins sur le colza et bonne sur les cerisiers de Sainte Lucie. On a doublé par rapport à l’an dernier, les essaims se sont développés vite et de bonne heure, grâce à une saison précoce. »
C’est aussi une bonne récolte pour Yves Delaunay, apiculteur en région Nouvelle Aquitaine : « Pour l’instant, on peut parler de bonne saison. En ce moment, je récolte le miel de pissenlit, et j’en ai 2 fois plus que l’an dernier, les conditions météo sont excellentes, l’hiver a été doux, avec de fortes réserves de miel et de pollen. J’ai transhumé pour l’acacia qui est en pleine fleur. Le temps est là, les colonies sont belles. »
Quelques indications sur ces miels de saison :
- Le miel de printemps (dénomination commerciale, c’est un miel produit majoritairement à partir de colza mélangé par les abeilles à d’autres nectars plus délicats) récolté début mai, dégage des effluves floraux, a un goût légèrement acidulé et procure une sensation de fraîcheur, il est riche en oligoéléments.
- Le miel d’acacia, récolté fin mai-début juin est très prisé pour sa douceur et son aspect liquide. Il représente la plus forte vente en miels monofloraux. Son arôme rappelle de manière discrète le parfum de la fleur, et il est considéré comme un régulateur intestinal.
- Le miel de romarin, récolté fin avril-début mai est faiblement balsamique avec un arôme discret et une légère réminiscence végétale, il est bénéfique aux personnes atteintes d’insuffisance hépatique, digestive et vésiculaire et contient de nombreux oligoéléments.
- Le miel d’aubépine, récolté en avril-mai révèle un arôme discret mais tenace, un goût suave et fruité qui perdure en bouche, il est bénéfique pour les personnes souffrant d’insomnies.
- Le miel de bruyère blanche, récolté début mai, se distingue par ses saveurs boisées fortes où se mêlent parfois une pointe de réglisse de cacao ou de caramel.
- Le miel de pissenlit, a une légère odeur ammoniaquée avec une saveur discrète appréciée des amateurs de miels doux, il possède des vertus diurétiques.